Préambule

De nombreux sportifs peuvent être aidés par l’injection de plasma riche en plaquettes (PRP) associé à de l’acide hyaluronique (HA) dans les suites d'une ligamentoplastie du LCA.

Le but de la chirurgie du ligament croisé antérieur est de restaurer la stabilité et la fonction du genou pour permettre de reprendre l’activité sportive au même niveau. L’indication chirurgicale se pose sur des patients dont le sport est un véritable enjeu. Il s’agit de sport à pivot voire de pivot-contact qui vont nécessités une stabilité parfaite du genou. Le traitement chirurgical sera donc effectué sur des patients motivés car les suites postopératoires sont relativement longues et les délais de reprise de compétition sont en moyenne de 6 à 8 mois (1). Aujourd’hui les techniques chirurgicales sont bien codifiées. Malgré une rééducation bien conduite il persiste souvent des douleurs antérieures.


 


Le syndrome fémoro-patellaire après chirurgie du ligament croisé antérieur est fréquent malgré l’évolution des techniques opératoires (2). Ce syndrome fémoro-patellaire apparaît généralement entre 1 mois ½ et 3 mois postopératoires, variable suivant les sportifs, en fonction de l’âge, des antécédents d’accidents, de microtraumatismes et/ou de macrotraumatismes. Généralement une rééducation bien conduite permet de résoudre ces douleurs antérieures. Dans notre expérience, de nombreux sportifs peuvent être aidés par l’injection de plasma riche en plaquette associé à de l’acide hyaluronique (3). Bien sûr, il faudra choisir le meilleur moment post opératoire.


 


Cette injection de PRP et d’acide hyaluronique peut être associée à la rééducation, en général lorsque le genou est sec vers le 3ème mois postopératoire. L’injection ne peut être efficace que sur un genou qui a récupéré totalement son extension, qu’il n’existe plus d’hémarthrose, car il est classique de dire que « un genou qui va bien c’est un genou qui tend bien. »


 


Par ailleurs, il devra être complètement dégonflé pour lever l’inhibition musculaire arthrogène. Le renforcement musculaire sera d’autant plus efficace que le genou est sec. Le protocole le plus souvent utilisé est de faire deux injections à 15 jours d’intervalles. L’effet anti-inflammatoire procuré par le PRP et la lubrification associé à l’acide hyaluronique permet de limiter les douleurs et de reprendre une rééducation orientée vers un bon équilibre antéropostérieur.


 


Il faudra vérifier que le quadriceps est bien développé pour permettre un meilleur maintien rotulien de même les ischios-jambiers devront être renforcés en excentrique et étirés.


 


Culvenor et al (4) ont mis en évidence qu’à 1 an post-chirurgie du LCA, environ 30% des patients développe des signes IRM d’arthrose au niveau fémoro-patellaire. De même, une étude du même auteur (5), indique que cette prévalence monte à 50% à 10 ans post-lésion et chirurgie du LCA, suggérant une modification durable de la cinétique fémoro-patellaire après rupture du LCA.


 


De plus, la relation entre rupture de LCA et arthrose fémoro-tibiale médiale, indépendamment de la réalisation d’une plastie ligamentaire ou non a été décrite depuis longtemps.


 


En tout état de cause, dans les suites d’une rupture du ligament croisé antérieur, le sportif présentera des douleurs antérieures au niveau fémoro-patellaire qui vont s’aggraver au fil du temps même dans le cadre d’une intervention bien réalisée.


 


Il faudra effectuer un suivi au long cours de ces sportifs et ne pas hésiter à leur proposer rapidement soit en postopératoire au 3ème mois, dans le cadre de chondropathie révélée par l’arthroscanner associé à des douleurs antérieures, voire aux premières gênes présentées sur le genou lors de la pratique de l’activité physique et sportive.


 


Les injections de PRP associées à l’acide hyaluronique peuvent aider le sportif à reprendre au même niveau tout en diminuant l’aggravation arthrosique inéluctable suite à cette rupture du ligament croisé antérieur.


 


Le protocole de départ associe deux injections à 15 jours d’intervalle. Par la suite, une injection de rappel peut être effectuée à la discrétion du sportif soit sous forme annuelle, soit tous les 2 ans ou tous les 3 ans en fonction du degré d’arthrose repérée sur l’arthroscanner ou par le chirurgien (degré de I à IV) et du niveau d’intensité du sportif. Ces injections de PRP et d’acide hyaluronique seront bien sûr associées à un programme de préparation physique spécifique d’entretien musculaire au niveau du membre inférieur pour avoir un meilleur amortisseur au niveau de l’articulation fémoro-tibiale ainsi qu’un meilleur alignement pour la rotule afin d’éviter le valgus. Le moyen fessier sera également renforcé et une attention particulière sera donnée sur l’équilibre du bassin ainsi qu’aux appuis plantaires. Tout ce suivi peut être réajusté annuellement en fonction des sensations de terrain du sportif.


 


Bibliographie :


1 - Chaduteau P.


Rééducation après ligamentoplastie du genou pour rupture du ligament croisé antérieur.


www.sportsante-conseil.org 2015.


 


2 - Olivier E., Gaspar M., Tamalet B.


Syndrome fémoro-patellaire après ligamentoplastie du ligament croisé antérieur. Stratégie de prise en charge au SNF Clairefontaine.


Journal de traumatologie du sport 2021 ; 38 (3) : 140/151.


 


3 - Chaduteau P.


Utilisation du plasma riche en plaquette en traumatologie du sport.


Sport santé news 2018, 16-20.


 


4 - Culvenor A.G., Lai C.C.H, Gabbe B.J., Maktissi M., Collins N.J., Vicenzino B. et Al.


Patellofemoral osteoarthritis is a prevalent and associated with worse symptoms and function after hamstring tendon autograft ACL reconstruction.


Br J. sports med 2014; 48 (6) : 435-9.


 


5 - Culvenor A.J., Holm I., Gunderson R.B., Crossley K.M., Risberg M.A.


Anterior knee pain following anterior cruciate ligament reconstruction does not increase the risk of patellofemoral osteoarthritis at 15- and 20-years follow-ups.


Osteoarthr Cartil 2017 ; 25 (1 : 30-3).


 

Informations

L'A.R.T.S.S. a été créée par le Docteur Philippe CHADUTEAU le 19 septembre 1994. Cette association est aidée ponctuellement par la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (D.R.J.S.C.S.) pour le suivi des sportifs de haut niveau du Val d’Oise.

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